Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Préface de James Sallis
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
Paris : Moisson rouge, janvier 2009
254 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 972-2-914833-87-5
Way of Goodis
James Cassidy est beau, James Cassidy a un nom de héros, d'ailleurs James Cassidy est champion de football. Puis c'est la guerre et il revient au pays décoré, comme un héros. Dans le civil, James Cassidy est pilote de ligne, il a tout : la notoriété, l'allure, le charme, le charisme, l'intelligence, bref, il est en haut, les mains douces et manucurées. Et, pour David Goodis, être en haut signifie clairement qu'il est prêt à tomber. C'est bien ça qui captive David Goodis : la chute. David Goodis est Docteur es Chute, maître de conférence à l'université du Grand Désastre. Comme Balzac à son époque, qui sonda lui aussi quelques déchéances, il explore l'homme dans l'adversité, là où les caractères se dévoilent, là où l'humanité est dos au mur et doit avancer pour ne pas disparaître, là ou parfois elle disparaît, là où la volonté ne suffit pas, là où il en faut toujours un peu plus parce que la malchance est de sortie. D'ailleurs James Cassidy pourrait s'appeler James de Rubempré ou mieux encore, James Birotteau.
D'autres se seraient intéressés à la montée : comment Cassidy devient champion de football, comment il évite les balles allemandes en Normandie et comment il sauve son meilleur ami et même le salaud qui a triché la veille au poker. Mais non, David Goodis, sans faire son intéressant, ni d'effets de style (certains prennent le prétexte de la misère et de l'horrible pour rendre leur livre intéressant...), filme la chute (comment Cassidy tombe une première fois, comment il tombe une deuxième fois...) comme un combat de boxe entre deux adversaires qui ne sont pas de la même catégorie : un homme et sa vie. Rajoutez à cela les femmes. Celles qui manipulent et tordent à leurs désirs tout ce qui passe dans leur périmètre, puis celles, fragiles et désespérées comme une duchesse de Langeais, qui dépérissent à petit feu et dont on tombe amoureux pour de mauvaises raisons (très bien expliquées dans la succulente préface de James Sallis). Alors, et seulement alors, on commence à comprendre pourquoi de nombreux héros de David Goodis préfèrent baisser les bras et se réfugient dans l'alcool. D'ailleurs, James Cassidy boit lui aussi et n'est finalement plus à la fin qu'une loque qui a tenté de se relever. Comme si l'essentiel n'était pas de réussir, mais bien d'essayer...
On en parle : Polar - Le Magazine du policier n°12
Citation
Comment se fait-il que se soit toujours les plus salopes qui se portent le mieux ?