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N'ayant rien à tirer de tout ce cirque qu'un peu de pognon, je mettais dans mes rapports toute la conscience professionnelle dont j'étais encore capable en feignant d'oublier que ma prose, mes constatations, les photos au téléobjectif que j'y annexais scrupuleusement, les dates et les heure, tout ce jargon et ces habitudes d'ancien flic n'avaient aucune valeur légale et ne servaient qu'à alimenter ma nostalgie masochiste envers le métier qui m'avait tout donné, tout repris et laissé sur le carreau.
Antoine Albertini - Banditi
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Bleus, blancs, rouges
Paris, fin des années 1970. Les années Giscard, le disco, une certaine idée d'un pays figé et conserv...
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dimanche 15 juin

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Ma vie des autres (69)

Ma vie des autres (69) Courts récits de 1000 signes (69). Tout l'agresse. Quoi que je dise, vlan, c'est comme si je lui plantais un couteau dans le ventre. Ça dure, ça dure, ça n'en finit plus de durer. J'ai toujours espoir que ça cesse, en sachant bien que ça ne finira jamais. Je ne peux pas faire une remarque sans qu'elle transforme ma remarque en remise en cause de toute sa personne. Je fais pourtant bien attention de ne pas émettre la moindre réflexion qui pourrait avoir un accent de critique, d'ironie ou d'insatisfaction. La colère la rend malheureuse et je me sens forcément fautif lorsqu'elle répète, en amplifiant au maximum sa culpabilité, que c'est sa faute, que c'est toujours de sa faute si tout va de travers, que je la juge stupide et que je la mets plus bas que terre. Dans ces moments-là, je regrette d'avoir ouvert la bouche. La plupart du temps, je reste silencieux, j'acquiesce à tout ce qu'elle dit. Je me garde bien de donner un avis pour ne pas être accusé de vouloir la contrarier. Elle reste froide quand j'ose et quand j'arrive à lui faire une bise dans le cou. Je retrouve ma liberté de parole avec les personnes que je vois sans elle. Dégonflée et rangée dans sa boîte, là, je suis sûr de ne pas la blesser, ma petite poupée de caoutchouc chérie.

Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.

Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
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Par La Rédaction



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