Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du japonais par Jean-Baptiste Flamin
Paris : Presses de la Cité, avril 2016
362 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-13411-9
Coll. "Sang d'encre"
Couloir de la mort
Kazuaki Takano a travaillé dans le cinéma comme scénariste et cela se ressent dans la construction de son intrigue focalisée sur deux personnages que tout pourrait opposer et qui vont se trouver obligés de travailler ensemble pour résoudre une affaire - comme il s'agit de deux Japonais, élevés au pur jus de l'archipel, ils travailleront de concert sans aucun souci.
L'un d'eux, Shôji Nangô, est un ancien gardien de prison qui a travaillé entre autres pour les services chargés d'appliquer la peine de mort. Un peu perturbé, il accepte de se reconvertir et, suite au souvenir de Ryô Kihara, un détenu amnésique condamné à la peine capitale, est engagé par l'avocat Jun'ichi Mikami pour tenter de disculper Ryô Kihara. Ce dernier a été retrouvé, blessé dans un accident, à quelques kilomètres de l'endroit où a été tué son agent de probation. Au début de l'intrigue, suite à un nouvel événement traumatique, des bribes de son passé resurgissent, et il se souvient enfin que ce jour maudit il a monté des marches. La montée de ces marches a sans doute été sa dernière action avant d'être assommé (et, donc, de perdre la mémoire) par le véritable assassin. Pour l'aider dans sa tache, il demande l'aide d'un prisonnier qui vient d'être libéré et qui connaît un peu la région où se déroula le crime. Mais au fur et à mesure que l'enquête progresse, des doutes apparaissent pour le lecteur : cet adjoint n'en saurait-il pas plus qu'il ne veut bien en dire ? Pourquoi le mystérieux commanditaire de cette action se cache-t-il derrière un avocat, semblant refuser que l'on en sache beaucoup sur lui ?
Nous allons donc suivre les recherches méticuleuses des deux enquêteurs pour essayer de trouver une maison avec des marches dans un endroit forestier où il n'ya pas l'air d'avoir beaucoup de constructions (ce qui n'est pas sans rappeler un ressort des Trente-neuf marches, de John Buchan, auquel ce roman fait évidemment référence). En même temps, par des flashbacks, nous découvrirons de nombreux éléments sur le passé des protagonistes de cette affaire et pourquoi, en fin de compte, ils se sont retrouvés là à chercher des preuves pour innocenter un condamné à mort.
Comme le roman a reçu le prix Edogawa-Ranpo, le lecteur s'attendra à un retournement de situation, bien dans l'esprit du maître jaonais, et ce rebondissements interviendra bien, inattendu mais logique. En parallèle de cette histoire, Kazuaki Takano s'est particulièrement documenté sur la peine de mort dans son pays et, à travers le compte à rebours de l'exécution programmée de son personnage innocent qu'il s'agit de sauver, retrace toute la procédure qui se met en place du verdict jusqu'à l'exécution finale. Cela crée un contre-point dramatique qui maintient le suspense de cette intrigue très classique. Basé sur un style assez neutre, qui se contente de raconter son histoire, Treize marches est une histoire efficace tendue vers sa résolution, dans la veine la plus traditionnelle du genre.
Citation
Peu importait l'atrocité de l'acte commis, une proportion non négligeable de condamnés à perpétuité ne montraient aucun repentir. Leur cœur était rempli de prétextes qui les excusaient, et ils n'étaient pas rares, ceux qui en voulaient même à leurs victimes pour s'être trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment.