911

Elle n'est pourtant responsable de rien, si ce n'est d'avoir du talent. Va expliquer ça au gars écorché comme un vison sur son terrain vague.
Collectif & Yvan Fauth - Toucher le noir
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dimanche 10 novembre

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Roman -

911

Social - Urbain - Procédure MAJ vendredi 27 juin 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Shannon Burke
Black Flies - 2008
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Diniz Galhos
Paris : Sonatine, mai 2014
208 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-253-5

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    Mardi 17 juin, dans les locaux de la BiLiPo, le jury du Grand Prix de Littérature Policière a procédé à sa sélection de romans tant français qu'étrangers pour l'année 2014. Chaque sélection est composée de quatorze ouvrages inédits en France parus entre début juin 2013 et fin mai 2014. Le prix, lui, sera proclamé début septembre 2014. Rappelons que ce prix purement honorifique est l'un des plus vieux et respectés en France et qu'il est décerné par une brochette de spécialistes du genre. Assez classique dans ses choix, espérons qu'il accouchera de deux lauréats surprises. Rendez-vous est pris à la rentrée littéraire pour voir ce qu'il en est !

    Sélection française 2014 :
    - Pur, d'Antoine Chainas (Gallimard, "Série noire") ;
    - Chiens enragés, de Marc Charuel (Albin Michel, "Thrillers") ;
    - La Traque de la musaraigne, de Florent Couao-Zotti (Jigal, "Polar") ;
    - Terminus Belz, d'Emmanuel Grand (Liana Levi, "Policier") ;
    - Du vide plein les yeux, de Jérémie Guez (La Tengo) ;
    - Le Grand sacrifice, de Daniel Hervouët (Le Rocher, "Ligne de feu") ;
    - L'Homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun (Ombres noires) ;
    - Yeruldegger, de Ian Manook (Albin Michel) ;
    - La Faux soyeuse, d'Éric Maravélias (Gallimard, "Série noire") ;
    - Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - La Madonne de Notre-Dame, d'Alex Ragougneau (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes") ;
    - La Chute de Mr Fernand, de Louis Sanders (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - Dawa, de Julien Suaudeau (Robert Laffont) ;
    - L'Hexamètre de Quintilien, d'Élisa Vix (Le Rouergue, "Rouergue noir").

    Sélection étrangère 2014 :
    - La Marionnette, d'Alex Berg (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - 911, de Shannon Burke (Sonatine) ;
    - La Danse de la mouette, de Camilla Läckberg (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - Le Dernier message de Sandrine Madison, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - Témoin de la nuit, de Kishwar Desaï (L'Aube, "L'Aube noire") ;
    - Des morts bien pires, de Francisco Gonzales Ledesma (Rivages, "Thriller") ;
    - Ghostman, de Roger Hobbs (Robert Laffont, "Best-sellers") ;
    - Dans la rue j'entends les sirènes, d'Adrian McKinty (Stock, "Cosmopolite noire") ;
    - Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - La Fille du bourreau, d'Oliver Pötzsch (Jacqueline Chambon) ;
    - Une terre d'ombre, de Ron Rash (Le Seuil, "Cadre vert") ;
    - Empty Mile, de Matthew Stockoe (Gallimard, "Série noire") ;
    - Zarbi, de Cathi Unsworth (Rivages, "Thriller") ;
    - Né sous les coups, de Martyn Waites (Rivages, "Thriller").
    Liens : Pur |La Traque de la musaraigne |Terminus Belz |L'Homme qui a vu l'homme |Yeruldegger |La Faux soyeuse |Aux animaux la guerre |L'Hexamètre de Quintilien |La Danse de la mouette |Témoin de la nuit |Des morts bien pires |Une disparition inquiétante |Une terre d'ombre |Empty Mile |Zarbi |Né sous les coups |Dawa |La Marionnette |Antoine Chainas |Florent Couao-Zotti |Emmanuel Grand |Jérémie Guez |Daniel Hervouët |Marin Ledun |Ian Manook |Louis Sanders |Élisa Vix |Camilla Läckberg |Thomas H. Cook |Kishwar Desai |Ron Rash |Matthew Stokoe |Cathi Unsworth

Sauveteur à sauver

Devant l'horreur de certaines scènes ou de certaines situations, l'une des ressources de l'être humain est de rire. On connaît l'humour des médecins alors pourquoi celui des ambulanciers serait-il différent ? Avant de devenir scénariste et écrivain, Shannon Burke a été ambulancier, et il ne fait aucun doute que son passage dans l'univers du 911, le numéro d'appel des ambulanciers, a été l'occasion d'avoir un regard acéré et des anecdotes variées qui vont ponctuer ce roman.
Les secours ont cédé aux charmes du capitalisme. Si au départ, leur raison d'être est de sauver des vies, aujourd'hui, par souci de rentabilité, il faut choisir qui on doit sauver en priorité. Devant cette impression de remplacer Dieu, on en vient vite à se poser la question de savoir si l'on doit sauver telle ou telle personne qui après tout ne mérite peut-être pas de vivre comme, par exemple, ce trafiquant de drogue. Les pires questions viennent perturber le quotidien : cela vaut-il le coup de sauver la vie d'un nourrisson sans doute infecté par le SIDA ?
Ollie Cross qui peine sur ses études de médecine et sur sa relation amoureuse accepte d'entrer dans le corps des ambulanciers dans un quartier difficile de la ville de New York. Il est persuadé qu'il va apprendre des choses, se perfectionner pour ses études et, avec l'argent gagné, rafistoler sa vie personnelle et professionnelle. Mais il se trouve confronté au monde avec un équipier qui alterne des périodes agréables et des moments de doute quand il ne se prend pas pour Dieu le père, une administration qui ne se pose pas de questions excepté lorsque des retombées désastreuses pourraient remonter jusqu'à elle, et son univers personnel qui s'effiloche. Quand ce dernier s'effiloche, la seule ressource qui reste, c'est de s'accrocher encore plus à l'amitié, à la franche camaraderie entre collègues. Les ambulanciers sont entre eux aussi soudés que les policiers, les pompiers et les militaires...
Nous sommes là à la limite du roman, entre le long reportage un peu fictionné et le récit autobiographique à la troisième personne. Shannon Burke dessine avec réalisme une suite de vignettes concentriques qui recoupent l'enfermement de son héros. Il se trouve au départ une alternance de scènes avec sa compagne, ses études et son nouveau travail, puis, peu à peu, le travail devient obsessionnel, occupe tout l'espace, fait disparaître les références morales dans le bouillon de l'instant, la réaction à chaud, pour finir sur une note optimiste qui n'apparait pas plaquée mais simplement finale, celle qui donne la tonalité juste à l'ensemble : une histoire, très américaine, pleine de doute et de rédemption, de pêchés et de sauvetages.

Récompenses :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2015

Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2014
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2015

Citation

Lorsque plus rien n'a de sens, y compris la vie et la mort d'autrui, vous n'êtes plus qu'à un pas du mal. Et ce putain de pas est terriblement facile à franchir.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 14 mai 2016
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